Deuil : Comment en parler à nos enfants

Lorsqu’un deuil survient dans une famille, c’est le choc, certains vivent leurs émotions à découvert quand d’autres n’osent démontrer quoique ce soit, par pudeur, par honte ou simplement par discrétion.

Et comment faire lorsqu’il faut annoncer à notre enfant la mort d’un proche de la famille, d’un grand-père, d’une grand-mère ?

Quels mots utiliser ? Comment lui expliquer ? Doit-on être précis ou plutôt évasif ?

Et comment éviter d’exposer notre enfant à plus de douleur qu’il ne va en ressentir déjà par lui-même ?

Qu’en est-il de nos propres émotions, doit-on les cacher à notre enfant ?

 

Toutes ces questions, bon nombre de parents se les sont déjà posées malheureusement. La mort fait partie de la vie et de façon inéluctable tout un chacun est amené à un moment ou un autre à faire face à ce type de tsunami émotionnel.

 

Bien que le processus de deuil soit un parcours personnel qui varie d’une personne à l’autre, les étapes du deuil chez l’enfant peuvent différer de celles des adultes.

Et pour cause, le système cognitif de l’enfant n’est pas tout à fait capable d’appréhender le deuil de la même manière que celui de l’adulte. Le deuil est une réaction émotionnelle complexe et difficile qui se produit en réponse à la perte d’un être cher. La capacité d’un enfant à comprendre et à faire face au deuil dépend de son développement cognitif, émotionnel et de son âge.

 

Chaque individu vit le deuil différemment, et il est acquit qu’il existe théoriquement cinq étapes du deuil élaborées par Elisabeth Kübler-Ross. Ces étapes ne se produisent pas forcément dans un ordre linéaire, et un individu donné ne traverse pas nécessairement toutes ces étapes du deuil qui sont :  

Le déni : Réaction temporaire qui aide à amortir la douleur émotionnelle initiale.

La colère : Sentiment de colère contre soi-même, les autres ou même contre la personne décédée.

Le marchandage : Besoin de négocier pour trouver un moyen de revenir en arrière.

La dépression : Profonde tristesse, perte d’intérêt, épuisement physique et émotionnel.

L’acceptation : Le fait d’accepter la réalité de la perte sans pour autant que la douleur ait disparue, mais plutôt en trouvant un moyen de vivre avec la perte et d’aller de l’avant.

 

Il est important de souligner que ces étapes ne sont pas universelles et que chaque personne peut vivre le deuil d’une manière unique.

 

En outre l’enfant ne va pas avoir une façon identique d’appréhender le deuil que ce soit en comparaison d’un enfant à un adulte ou même d’un enfant à un autre. Le processus de deuil chez l’enfant peut être cyclique, avec des périodes d’émotions intenses suivies de moments de calme apparent. Chaque enfant vit le deuil à sa manière et à son propre rythme.

 

La compréhension de la mort est souvent plus difficile à appréhender pour les jeunes enfants notamment le fait de la permanence de la mort elle-même.

Avant l’âge de 5/6 ans, les enfants peuvent interpréter la mort de façon réversible, comme dans les dessins animés où les personnages reviennent à la vie.

Le concept de la mort en tant qu’évènement définitif ne se développe que progressivement avec l’âge.

Annoncer la mort d’un proche, d’un membre de la famille, d’un grand-parent par exemple à un enfant est une tâche délicate.

 

Il est nécessaire d’aborder cette situation avec sensibilité en choisissant le bon moment, un moment de calme où l’enfant pourra se retrouver en tête à tête avec son parent ou référent et sans distraction.

 

On pourra alors utiliser un langage simple et approprié à l’âge de l’enfant pour lui expliquer ce qui s’est passé tout en évitant d’utiliser des termes trop abstraits.

Il est préférable d’expliquer clairement que la personne est décédée plutôt que de partir sur des explications qui sous-entendraient que celle-ci « est partie » ou « s’est endormie », mieux vaut être pragmatique afin de ne semer aucune confusion dans la tête de l’enfant qui pourrait ne pas saisir la nuance apportée à nos propos.

Par conséquent il faut rester honnête avec l’enfant sur la réalité de la situation tout en surveillant les paroles que nous posons à ce sujet ; les mots utilisés face à un jeune enfant de 3/4 ans ne seront évidemment pas les mêmes que ceux utilisés face à un enfant de 8/9 ans.

 

L’important est de ne rien forcer, de laisser l’enfant poser des questions s’il en ressent le besoin, l’encourager à s’exprimer et être prêt à répondre de manière honnête et adaptée à son âge.

Tout cela l’aidera à mieux comprendre et faire face à ses émotions. Être patient, réconfortant et rassurant sont également des atouts qui aideront sans conteste l’enfant à passer cette période difficile.

 

Le fait de montrer ses propres émotions à l’enfant peut lui permettre de comprendre qu’il est normal d’éprouver de la tristesse.

Bien entendu il ne s’agit pas de laisser libre court devant l’enfant à toute l’étendue de l’expression de la peine que peut provoquer un deuil chez l’adulte, mais plutôt de montrer à l’enfant que l’adulte peut lui aussi verser quelques larmes et ressentir de la tristesse, et que tout comme lui l’adulte possède une sensibilité qui doit être exprimée mais que cela ne l’empêche pas d’être présent pour le soutenir.

 

Mon meilleur conseil dans ce cas sera d’instaurer un ou des rituels pour transcender le deuil. Pour cela nul besoin d’impliquer l’enfant dans les pratiques dites « traditionnelles » tels que les funérailles ou les commémorations si cela ne vous convient pas. Il est tout à fait compréhensible de vouloir épargner les enfants de ces moments qui peuvent avoir un effet choquant.

Afin de permettre à l’enfant de dire au revoir et de commencer son processus de deuil on peut tout à fait organiser par nous même un ou plusieurs petits rituels qui auront malgré tout un fort impact sur l’enfant qui a une capacité d’intégration et d’ouverture d’esprit bien souvent supérieure à celle de l’adulte :

  • Gonfler un ballon de baudruche que l’enfant laissera s’envoler et sur lequel il aura inscrit un message d’amour par exemple
  • Faire une lettre d’adieu à la personne décédée dans laquelle l’enfant lui exprimera tout ce qu’il a sur le cœur. Si l’enfant ne sait pas encore écrire il pourra dicter sa lettre à l’adulte qui l’écrira pour lui.
  • Selon les souhaits de l’enfant, cette lettre pourra ensuite être :
        • Brulée, on expliquera à l’enfant que toute l’essence/l’énergie de ses mots atteindront ainsi le défunt via la fumée dégagée
        • Enterrée, afin que la lettre revienne à la terre tout comme le défunt est revenu à la terre
        • Attachée à un ballon de baudruche qu’on laissera s’envoler par la suite pour l’envoyer vers le défunt
  • On peut également inviter l’enfant à parler en direction du ciel et des nuages, pour exprimer ce qu’il ressent, ou même s’adresser directement au défunt
  • Allumer une bougie en l’honneur du défunt et dire quelques mots ou rester un moment silencieux, ensemble, face à cette bougie
  • Evoquer simplement quelques souvenirs d’évènement vécus avec la personne disparue

 

Chaque enfant est unique, et il est important d’adapter son approche en fonction de l’âge, la compréhension et la sensibilité de l’enfant.

 

Par la suite et en grandissant l’enfant mature son système cognitif ce qui a pour conséquence une meilleure compréhension du concept de la mort. Cette évolution peut provoquer l’irruption de toute une gamme d’émotions face à la perte d’un être cher : la tristesse, la colère, la confusion, la peur.

L’enfant peut même, dans certains cas, faire preuve d’un manque d’émotion apparent, ce qui ne reste évidemment qu’un système de réponse et parfois de défense face à la violence du choc vécu.

Par ailleurs la capacité d’un enfant à exprimer ses émotions peut varier en fonction de sa personnalité et son environnement familial.

Il est alors très important de toujours privilégier l’ouverture à la communication pour un soutien optimum face au deuil.

L’épreuve du deuil, qu’elle soit traversée par un enfant ou un adulte, est toujours un moment qui nécessite beaucoup de bienveillance, d’écoute et parfois simplement d’une épaule sur laquelle l’autre pourra se reposer.

 

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